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`Les papillons infinis`
prose [ ]
[Une mélancolie de l`Est]

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par [h.p.sebastian ]

2009-11-13  |     | 



Les papillons infinis se couchent dans mes paumes. Je rêve. Je suis un papillon qui est à la recherche de la lumière. Du feu qui se cache dans chaque âme qui change de place. Je souris. Elle ne disait rien. Peut-être s`en fichait-elle. Peut. Etre.

Sur les lèvres de Maria se trouve un papillon grand et coloré en noir. Je ne regrette rien. Ni le sentiment d`un étrange personnage de cire, ni d`un homme qui joue `le roi des papillons se meurt`. Je me tais. Je suis bête.

Je m`assois sur la banque de ma ville imaginaire. Je sors de ma poche une cigarette. Je fume trop. Oui, je suis bête comme le chien de Maria.

Je connais pas du tout la règle du cercle. Je regarde Maria qui s`est endormie près de la fenêtre. Sur son nez il y a un papillon vert qui me regarde des yeux d`un ennemi sans nom. J`aime bien les papillons. Faut attendre le médecin. Il ne va pas tarder, le médecin. Je termine mon journal. J`suis fatigué. Comme une hirondelle. Je crie. Mon ennemi m`agace. Non. Il me tape sur les nerfs. Voilà, faut reconnaître, je suis un peu malade. Mais pas trop. Je sors une autre cigarette. Je fume comme un fou. Je ne souffre pas de folie.

Je respire par ces papillons sans couleur. J`allume la lampe silencieusement. Je n`aime pas du tout, cette lampe. Je hais toutes les formes et les objets qui me regardent sans bouger. Maria dort encore. Elle ne savait pas la vérité. Tous les papillons ne vivent qu`une semaine. Chaque papillon cache son ombre dans les fleurs de l`âme.

Je fais des promenades sur les ruelles de ma ville-rêverie. Je ne dis rien. Je prononce le nom de mon père. Elle a la couleur d`un papillon qui doit se fermer dans le coin sans lumière d`un cerveau. Je me tais. Comme l`oiseau. Je suis muet comme une hirondelle. Mais je pense, donc je respire par les poumons de ma maîtresse. Je ris.

Dans la nuit je trouve le visage de mon père un peu tourmenté. Je réfléchis un tout petit peu. Il ne boit rien. Il ne mange que trois fois par semaine. Il ne fume pas. Il porte son corps comme une feuille jaunie. J`en suis sûr. Il reste toujours à la maison. Il lit le journal. Il est devenu muet après mon départ.

Il fait sombre dehors. Je rencontre la silhouette de mon père. Il me sourit. C`était pas possible. Il me parle. Je l`écoute. Comme d`habitude. Les mêmes opinions sur la mort. Sur la nuit qui tombe dans la poésie. Je lui dis que je n`écris pas de poésie. J`y ai renoncé. Il me dit que je dois revenir à ma folie. Je le regarde. Je bouge les pieds. Il se fâche contre moi. Il me connaît bien mais il parle comme mon grand-père. Je veux le jeter à la poubelle. Oui, à la poubelle du temps passé.

Il n`y a plus de papillons. Maria rêve. Elle est comme un ange qui hurle sous la lune. Je regarde le jeu. Les papillons dorment maintenant. On ne peut pas faire des promenades sur les rues où les héros ont été tués. Chaque papillon se couche dans les paumes des héros. Je touche le corps des papillons. Je commence l`histoire. Je viens de faire l`amour.

A l`est de mes pensées il y a toujours un papillon qui tombe dans les ténèbres. J`en ai peur. J`écoute des nouvelles sans comprendre quelque chose. Je me comporte comme un artiste qui tombe dans la mélancolie.

J`aime les papillons infinis avec les couleurs d`un arc-en-ciel. Je touche la forme ronde des papillons. Leur âme est comme un sentiment des amoureux qui se touchent pour la première fois. C`est comme un miracle qui se passe entre les deux corps nus. Les papillons ne font rien. Ils se regardent et nous regardent comme on fait l`amour. Mon papillon me regarde quand je mange. Quand je prends ma douche. Quand je prépare des œufs. Quand je lave mes dents. Quand je m`habille pour aller rencontrer ma maîtresse. Quand je fais je ne sais pas quoi.
Maria lit le dernier mot du journal. Elle sourit pour la première fois. Elle se comporte comme une folle. Maria reste dans mon cœur comme le papillon qui s`assoit sur mes yeux. Sur mes lèvres. Dans mes paumes. Elle allume la lampe. Elle s`est réveillée. Moi, je rêve maintenant. Dans la chambre il n`y a que la lumière de la lampe. Et moi. Le lit. L`armoire. Et quelques feuilles blanches.

Je me révolte. Je suis sur les cimes du désespoir. Je ferme l`œil droit. Et puis celui de gauche. J`suis aveugle. Je suis un vieil homme qui n`a pas de nom. Je m`en fiche.

Je me promène dans la nuit. Sous la lune qui éclaire mes pas. Mon père lit mon premier livre. Je vais lui envoyer le manuscrit de mon livre sur la mélancolie de l`Est. Mon père travaille dans une entreprise nationale. Mon père n`a pas d`amante.

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